Le couloir
[mp3 | wav | paroles]





Viens dans le couloir, tu pourras voir
Tes congénères errer comme des hères,
Goûter leur peau, sucer leurs os,
Esquiver l'aube en coupant leurs arrières.

Viens dans ce couloir, puisque des soirs
Tu gardes le goût et l'odeur comme un suc
Qui te dévore, gueule au dehors
Humant le sel de ces proies, de ces corps.

Mais, à tout prendre, mieux vaut se rendre
Et se défaire des oripeaux amers,
Gagner les rives où nos cœurs ivres
Peuvent se rejoindre, flirter avec les cimes.

Pars de ce couloir, si tu veux croire
Encore au monde dans lequel tu te meus.
Ici, tout tremble, tout est exsangue,
Brûlé au feu du désir qui harangue
Nos âmes célestes, déchues, ne reste
Que le souvenir de nos rêves innocents.
Était-ce hier ? J'étais trop fière,
Ou trop encline à céder au tourment.

Mais à tout prendre, mieux vaut se rendre.
Ô se défaire ! Ne plus être que chair.
C'est dans l'excès que je t'aimais.
Quand, de nos peaux, nous tenions le secret.

Gagner les cimes, toucher l'ultime
Ivresse, avant que nos peaux ne se dessèchent.
Que tout nous brise ou nous imprime
Le sceau du temps, usés de nos dérives.