Au cœur de l‘hiver, je me mets à ma table, j’attends
Que l’inspiration vienne, je réouvre Wuthering Heights j’entends
Catherine et Heatcliff s’appelant, cris plaintifs au vent
Puis ils retournent à la Lande retrouver leur légende d’amants.

Je ré entrouvre les pages, je retrouve en images le temps
Où j’écrivais à ma table, rêveuse infatigable, avant
Que la vie ne m’entraîne, que les vents ne m’enchaînent loin du lent
Ressac de mes pensées, je n’ai fait qu’oublier.

Enfant, j’aurai construit un monde immense né de tous les romans
Lus les soirs en hiver dans les chaudes lumières
Les faits exaltants des héros m’ont bercée.
En moi la fougue, en moi la fièvre des chevaliers errants,
En moi l’amour et la fureur de Phèdre et ses tourments.
Tout un monde en ma tête s’agite vit et tempête, murmure doucement :
Rejoins-nous dans la Lande

Je me suis asséchée. A trop vivre loin des livres, un jour, la vie m’a déserté.
Et ce monde m’a semblé si amer ; vanité des revers !
Que l’élan me revienne et balaie mon angoisse !
Ne serions-nous que pantins du ciel, humains qu’on froisse ?
Restent nos écrits, qui dépassent, irradient, un peu de nos vies vécues, rêvées ou lues.

Au cœur de l‘hiver, je me mets à ma table, j’attends
Que l’inspiration vienne, je réouvre Wuthering Heights j’entends
Catherine et Heatcliff s’appelant, cris plaintifs au vent
Puis ils retournent à la Lande retrouver leur légende.