Lili Brik » Le tissu de mémoire »
L'homme qui vivait en ses murs






Tout chancelle et je comprends
L’homme qui vivait en ses murs
Retiré et frémissant
D’une mémoire toute de hachures
De retrait et de distance
D’élaboration fugace
Et de lointaines obsessions
Poursuivant ainsi une trace

Une séquelle, quelque blessure
Incommensurable et vaine
Aujourd’hui mais qui rassure
Qui soutient l’œuvre et la traîne
Alors qu’aurait disparu
Depuis le sentiment même.
Reconstruire sans cesse l’intrus,
Le faire sien, mordre sa veine 

Se vautrer dans le souvenir
Et le distancer sans cesse
Elaborer l’artifice,
Qu’il ne subsiste qu’une lointaine
Réminiscence du réel.

Je doute, gardons l’arme à vue